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La nymphomanie, une réelle pathologie sexuelle où le sexe est une obsession

Encore fréquemment utilisé à l'heure actuelle pour qualifier une femme ayant un goût prononcé pour le plaisir charnel, le sens du mot nymphomanie et le véritable trouble psychologique qui se cache derrière ce terme semble clairement mal connu du grand public. Voici l'essentiel à savoir pour mieux comprendre cette pathologie, source non seulement de grande souffrance chez les personnes concernées, mais également de réels problèmes au niveau relationnel et social.

Qu'est-ce que la nymphomanie ?

Origine du mot

La définition de nymphomanie a beaucoup évolué au fil des siècles. Utilisé pour la première fois en 1771 par le médecin français de Bienville dans son livre « La nymphomanie ou traité de la fureur utérine », le terme vient du grec « nymphê » qui signifie jeune fille et « mania », que l'on peut traduire par folie.

icone de la lettre iRemarque : en anatomie le mot « nymphe » désigne également les petites lèvres du sexe féminin.

Du point de vue étymologique, cette définition montre que l'on ne peut employer ce mot que lorsqu'il y a pratique compulsive de la sexualité, au point où l'individu est entièrement occupé par la recherche du plaisir sexuel, au détriment des autres sphères de sa vie.

Aujourd’hui, on emploie plus volontiers le mot d'hypersexualité féminine ou de sexualité compulsive ou excessive pour désigner la nymphomanie.

Au XIXéme siècle, la nymphomanie était considérée par certains psychiatres comme une maladie psychique grave pouvant être mortelle.

« On entend par nymphomanie, un mouvement déréglé des fibres dans la partie organique de la femme. (...) Quelques fois la malade qui en est atteinte a un pied dans le précipice, sans se douter du danger ; c'est un serpent qui s'est insensiblement glissé dans son coeur : heureuse si, avant d'en être mortellement blessée, elle a encore la force de se soustraire par une prompte fuite au cruel ennemi qui veut la perdre ! »
la nymphomanie et le traité de la fureur utérine, Bienvielle DT de, Office de Librairie, paris, 1886, p20-21.

Définition et usage courant

La nymphomanie se caractérise par un appétit sexuel débordant, une excitation sexuelle quasi-permanente et insatiable et ne concerne véritablement qu'une très faible minorité de femmes. Elle est une vrai addiction.

De nos jours, dans notre société, la définition de la nymphomanie dans les milieux non scientifiques correspond encore à un a priori anti-féminin, et le terme est souvent employé à mauvais escient.

On emploie ainsi le mot nymphomane ou encore celui de « nympho » de manière péjorative pour qualifier des femmes qui montrent simplement les signes d'une libido très développée et qui ne sont pas du tout des nymphomanes.

La nymphomanie est donc assimiliée à tort par la plupart des gens comme le pendant féminin du donjuanisme alors qu'en réalité l'équivalent chez l'homme de la nymphomanie porte le nom de satyriasis.

Qu'est-ce qu'une femme nymphomane ?

etreinte d'un homme et d'une femme
© Stocklib / franco volpato

Une femme nymphomane est donc une femme qui a une exagération pathologique de son appétit sexuel par rapport à la population féminine en général. Il est, bien sûr, très difficile de trouver la limite entre un individu qui a un désir sexuel assez développé, supérieur à la moyenne, et la véritable nymphomane.

En fait, ce qui caractérise le plus la femme nymphomane est que son désir sexuel n'est jamais assouvi, quel que soit le partenaire, et que cette addiction au sexe entraîne une véritable souffrance psychique pour la personne qui en est atteinte.

Ces sex-addict à la libido excessive subissent plus qu'elles ne vivent leur sexualité et leurs provocations à l'encontre des hommes traduisent paradoxalement un manque d'estime de soi et parfois de la honte.

Causes et origine de la nymphomanie

Au XIXème siècle, les médecins étaient convaincus que les femmes étaient tout particulièrement vulnérables à la nymphomanie car selon eux elles étaient moins rationnelles que les hommes. Toujours à cette époque, ils avançaient que les femmes pouvaient être plus facilement atteintes de nymphomanie durant certaines périodes de leur vie comme lors de la puberté, au moment des règles ou lors de la ménopause.

Vers la fin du XIXème, Freud pense que l'origine de la nymphomanie se trouve dans l'inconscient et que les femmes atteintes doivent être prises en charge par un traitement psychologique intense.

Aujourd'hui, les causes exactes de la nymphomanie restent assez incertaines. Cependant il semblerait que certains facteurs puissent contribuer au développement de ce comportement sexuel compulsif.

Parmi eux on peut citer :

  • un déreglement hormonal (trouble endocrinien)
  • un déséquilibre au niveau des neuro-transmetteurs
  • la prise de certains médicaments
  • la dépression
  • la bipolarité
  • des traumatismes liés à l'enfance
  • un désir de véngeance envers les hommes
  • un sentiment d'insécurité
  • un manque affectif
  • etc..

Enfin il semblerait que certaines personnes puissent être prédisposées à la nymphomanie pour des raisons pouvant être héréditaires ou environnementales.

Une femme qui aime séduire est-elle nymphomane ?

Il ne faut pas faire l'amalgame entre une femme qui aime séduire et une nymphomane.

Ce sont deux choses bien distinctes. Très souvent une femme qui recherche la séduction ne souhaite que tester sa capacité à plaire, ce qui est un comportement très répandu ; souvent celle-ci ne passera pas à l'acte et se contentera d'avoir vérifié son potentiel de séduction, tandis que la femme nymphomane n'a souvent pas besoin de séduire pour passer à l'acte sexuel. Il découle de cette constatation que les hommes se trompent quand ils appellent hypersexualité féminine cette propension très répandue à faire très facilement du charme aux hommes.

La femme nymphomane a-t-elle des orgasmes à chaque rapport sexuel ?

Le plus souvent les nymphomanes n'ont pas d'orgasme et peuvent même être « frigides ». Comme elles n'arrivent pas au soulagement que procure l'orgasme, elles multiplient de ce fait leurs relations sexuelles en quête d'un plaisir jamais atteint.

Cette constatation sur l'hypersexualité féminine fait donc ressortir un manque toujours à combler et peut se transformer en obsession de chaque instant.

Traitement de la nymphomanie

Il existe bien sûr un traitement de la nymphomanie :

La psychothérapie pourra être d'une aide précieuse dans le traitement de cette dysfonction sexuelle, comme dans celle de toute addiction. La psychothérapie pourra retrouver le manque affectif originel, en faire prendre conscience à la femme nymphomane et, par la même, l'aider à traiter son addiction. La psychothérapie pourra aussi aider à déculpabiliser la femme de son obsession, génératrice d'une angoisse personnelle profonde.

Les groupes de soutien à ce type d'addiction deviennent de plus en plus nombreux et le fait d'en parler en groupe, avec d'autres patientes atteintes de la même pathologie, pourra être aussi une forme de thérapie.

Enfin, un appui thérapeutique médicamenteux sera souvent utile pour réguler cette pulsion sexuelle incontrôlable.


Pour finir, au delà des cas pathologiques avérés, il faut également considérer la force de la morale dans nos sociétés. Même si à notre époque c'est un peu moins le cas, une femme qui séduit et qui a une sexualité épanouie ou débridée peut déranger, et sera facilement classée dans la catégorie péjorative des nymphomanes !

Sources

Auteur de l'article


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Diplômé d'un Doctorat en médecine générale, titulaire d'un certificat de spécialité en gynécologie ainsi que d'un diplôme inter-universitaire de sexologie, le Dr Michel Serre a assuré des consultations de sexologie durant plus de 30 ans dans le Centre Hospitalier Universitaire de Caen. Il est à l'origine de la création du site sexoconseil qui a vu le jour en 2000.


Mis à jour le 19 octobre 2016 par Véronique Serre auteur de livrets d'éducation sexuelle et rédactrice d'articles sur le thème de la sexualité pour le site sexoconseil depuis 2006.